Le verdict en appel du tribunal de la Fédération italienne s'est avéré, comme cela était attendu, plus clément pour les clubs impliqués dans le scandale des matches truqués de Serie A. Si la Juventus est bel et bien reléguée en Serie B, la Vieille Dame n'est plus frappée que d'une pénalité de 17 points au lieu des 30 initiaux. Surtout, la Fiorentina et la Lazio Rome échappent à la relégation et sont maintenus dans l'élite. Le Milan AC, lui aussi, bénéficie de cette clémence et n'est plus frappé que d'une pénalité de 8 points.
Le président de la Cour d'appel, Piero Sandulli, lit le verdict... Malaise! La rumeur disait donc vrai. Les longues heures qui ont précédé mardi le second verdict dans l'affaire des matches truqués du Calcio avaient colporté l'idée que les juges pourraient cette fois sensiblement allégé les peines qui avaient, en première instance, accablé quatre des principaux ténors du football italien dont la mythique Juventus de Turin envoyée par le fond par la faute de son ancien directeur général, Luciano Moggi, et de son frauduleux système d'influence des arbitres transalpins. Onze jours après le séisme des premières condamnations et quatre jours après le début des débats de ce procès en appel qui, au fur et à mesure de son développement, aura porté tous les espoirs des tifosi soucieux de voir leurs clubs bénéficier de la clémence des juges, un sentiment de malaise s'impose à la lecture de ce second verdict...
Comme si les belles intentions, les belles paroles d'un football italien qui cette fois, avait prévenu, ne saurait transiger avec tant et tant de déviances, s'étaient soudain envolées... Même la victoire de la Squadra Azzurra en Allemagne ne semblait pas devoir masquer l'ampleur du coup de balai donné au sommet de la hiérarchie des clubs de la Serie A. Trop gros, trop grave, le scandale devait cette fois être sanctionné de peines exemplaires, le Calcio devant même pour cela saborder les plus beaux de ses fleurons. Dix jours après la relégation en Serie B de la Juventus, frappée d'une pénalité de 44 points, mais aussi celles de la Fiorentina et de la Lazio Rome, dix jours après le retrait de la Ligue de Champions au Milan AC, l'intransigeance avait mardi, en Italie, laissé la place à la clémence, pour ne pas dire la complaisance.
La Juve toujours reléguée mais...
Bien sûr, les supporters de la Juventus pourront toujours s'estimer victimes d'une justice à deux vitesses - "Nous ne pouvons pas accepter ce verdict, a immédiatement annoncé le président du club, Giovanni Cobolli Gigli, en même temps que l'intention de la Juve d'épuiser tous les recours possibles pour réduire cette peine "devant la chambre de conciliation (du Comité national olympique), puis éventuellement devant la justice civile" - la relégation de la Vieille Dame étant bel et bien maintenue quand la Fiorentina et la Lazio Rome voient s'éloigner le spectre de la Serie B et les portes de l'élite s'ouvrir à nouveau à la Viola et au club romain.
Pourtant, la Vieille Dame, à laquelle sont retirés les Scudetto 2004-2005 et 2005-2006, sans que l'on sache si ceux-ci seront ou non attribués, a de quoi se réjouir à l'énoncé de ce verdict. Sa pénalité de 30 points infligée en première instance, qui l'a condamnée sûrement à deux saisons de Serie B au minimum, est ramenée à 17 points. Et l'espoir de renaître d'un coup d'un seul dans ces conditions pour Didier Deschamps et son équipe de pouvoir accrocher la remontée en Serie A dès la prochaine saison. Sans compter l'argument fourni au club pour convaincre certains de ses cadres de rester fidèle à la Vieille Dame.
Luca Toni, sur le départ, pourrait finalement rester fidèle à la Viola. Pour la Fiorentina et la Lazio Rome, le purgatoire de la Serie B s'est envolé. Comme par miracle ou presque. Stefano Palazzi, le procureur de la Fédération Italienne (FIGC), dont les réquisitions, d'une redoutable mais aussi courageuse sévérité, avaient fait craindre le pire aux dirigeants des clubs incriminés, doit aujourd'hui ruminer son amertume devant tant de mansuétude... La Viola et la Lazio, échappent aux affres de la relégation, malgré leurs implications avérées dans le système de fraudes, et devront effacer respectivement une pénalité de 19 et 11 points. Condamnés respectivement à 2 ans et six mois de suspension, et à trois ans et neuf mois, le président de la Lazio Rome, Claudio Lotito, et le patron de la Fiorentina, Diego Della Valle, ne se privaient pas malgré cette clémence à l'égard de leur club pour continuer à jouer les vierges effarouchées et annoncer là aussi leur intention de contester ces sanctions devant les instances olympiques ou au civil.
Petit miracle pour le Milan !
Mais que dire du Milan AC qui, déjà épargné en première instance de la relégation en Serie B, voit, non seulement son maintien dans l'élite confirmé, mais en plus bénéficie d'une réduction de sa pénalité de 15 à 8 points. Et ce n'est pas tout puisque le retrait de 44 points au classement de la dernière saison est réduit à 30 points. Un vrai coup de baguette magique puisqu'il permet au club de Silvio Berlusconi, qui ne risque pas cette fois de contester ce verdict, d'émarger, au lieu de la 12e place au 4e rang de la dernière Serie A, synonyme de... qualification pour le tour préliminaire de la prochaine Ligue des Champions dont le verdict en première instance l'avait privé.
La star brésilienne du Milan, Kaka, qui avait conditionné son avenir à ces échéances, peut défaire ses valises. Et Adriano Galliani, le vice-président du club lombard, dont la peine d'un an d'interdiction d'exercer toute fonction sportive est ramenée à neuf mois, de plastronner dès le verdict connu en promettant que les points de retard seront effacés avant même le mois de décembre. On croit rêver et pourtant... Le rêve du club de Palerme, qui pouvait légitimement ambitionner de participer au tour préliminaire de la Ligue des Champions, lui, s'est bel et bien envolé!
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