Comment ne pas placer l'Argentine sur la liste des favoris de cette Coupe du monde 2006, après la démonstration de classe et d'élégance faite vendredi sur la pelouse de Gelsenkirchen face à la Serbie-Monténégro ? Présent dans les tribunes avec sa fille, l'éternelle icône des supporters Diego Maradona peut vraiment être fier des débuts de ses «hijos» dans ce tournoi. Très nets vainqueurs face à une Serbie-Monténégro d'ores et déjà éliminée (6-0), les buts Argentins ont été inscrit par Maxi Rodriguez (6e, 41e), Cambiasso (31e), Crespo (78e), Tevez (84e) et Messi (88e) et permettent à l'Albiceleste de prendre seule la tête de ce groupe C avec six points et une remarquable différence de but (+7). Et d'être quasiment certaine de sortir indemne et même triomphante de ce «groupe de la mort».
La plus belle phase de jeu depuis l'ouverture du tournoi
Après un premier match globalement bien maîtrisé face aux talentueux Elephants de Côte d'Ivoire (2-1), les Argentins avaient laissé entrevoir des qualités indéniables de solidité défensive, d'aptitude à bien placer leurs attaques et à dominer l' adversaire sans donner l'impression de s'épuiser. Mais là, les Ciel et Blanc ont bel et bien sorti leur tenue de gala, eux qui étaient tout de bleu marine vêtus cet après-midi. Par ou commencer? Par quel joueur? Si la Serbie-Monténégro était une nouvelle fois privée de son meilleur défenseur au coup d'envoi, le Mancunien Vidic souffrant toujours du genou, il n'a pas fallu longtemps pour s'apercevoir que le problème, que les problèmes, n'allaient pas venir de là. Cinq minutes après avoir foulés la pelouse, les maîtres du toque, ce jeu en passes courtes, écartent le bloc serbo-monténégrin par la gauche. Sorin lance le très mobile Saviola qui dribble extérieur et donne à Maxi Rodriguez, lancé dans la surface côté gauche. Son extérieur du droit en pleine course ne laisse aucune chance au pauvre Jevric, qui n'a encore rien vu (6e).
Emmenés par un Saviola déchaîné qui récupère les ballons en premier rideau mais vient aussi les chercher au milieu du terrain, par un Riquelme véritable chef-d'orchestre, par une défense à quatre en phase défensive qui passe à trois en phase offensive, l'Albiceleste est sûre de son fait et de sa qualité. Son action de la trentième minute, sans conteste la plus belle phase de jeu depuis l'ouverture du tournoi en est l'illustration parfaite. Parti de derrière en succession de passes courtes, le ballon tourne une bonne minute durant entre les pieds des Argentins. Appliqués à ne pas faire plus de deux touches de balles depuis le début du match, l'accéleration est alors déclenchée par Saviola. Rentré dans l'axe, sa passe trouve Crespo qui talonne merveilleusement pour Cambiasso, entré peu avant en lieu et place de Luis Gonzalez durement touché aux adducteurs (17e). Sa frappe du gauche vient se loger sous la barre de Jevric qui sait à ce moment-là que son match va être cauchemardesque. Un but injustement refusé à Crespo pour un hors-jeu (37e), et un autre validé pour Maxi Rodriguez (41e) après un troisième coup de rein de Saviola confirme l'énorme emprise des Sud-Américains sur ce match. Maradona et les nombreux (et nombreuses !) supporters argentins se sont ré-ga-lés !
Tevez et Messi, deux joyaux
Les Serbos-Monténégrins reviennent sur la pelouse la tête basse, sachant qu'ils leur reste encore quarante-cinq minutes de supplice. Car les Argentins, beaucoup plus relâchés à la reprise, vont continuer de dérouler et en rajouter une couche en prouvant au monde du football que rigueur défensive ne rime pas du tout avec fébrilité. Sentant bien que ces hommes gèrent le score, José Pekerman décide de ne laisser aucun répit aux Serbo-Monténégrins en faisant entrer en jeu Tevez (59e), puis Messi (75e) en lieu et place des deux meilleurs joueurs du match, Saviola (impliqué sur les trois buts) et Maxi Rodriguez (auteur de son 4e et 5e but pour sa 15e sélection). L'expulsion de Kezman (66e) qui en a terminé avec sa Coupe du monde n'est alors qu'anecdotique. Maradona et toute sa clique continuent d'admirer les mouvements offensifs et les dribbles courts des deux nouveaux entrants. Cette Argentine version 2006 est redoutable, c'est une évidence. Impitoyable et expérimentée derrière, accrocheuse au milieu, très talentueuse devant, elle fait en plus preuve d'une efficacité terrible : elle a frappé onze fois au but, neuf tirs ont été cadré pour six buts inscrits. Du grand art. Champions du monde en 1986 avec Maradona dans leurs rangs, les Argentins ont brillé et prouver qu'ils ont toutes les armes pour soulever le trophée, 20 ans après, sous les yeux de la légende.
Sujet: une argentine de reve 
