Au lendemain de la qualification de l'équipe de France pour les demi-finales de la Coupe du monde, Raymond Domenech est apparu serein en conférence de presse. Son objectif initial de disputer la finale le 9 juillet à Berlin commence à prendre forme. Mais il ne souhaite surtout pas sous-estimer une équipe du Portugal qui sera difficile à éliminer. S'il reste sûr de son fait, le sélectionneur va tout faire pour ramener ses joueurs à la réalité de la prochaine rencontre des Bleus: une demi-finale de Coupe du monde.
Domenech ne veut pas rater la dernière marche avant la finale.Quel sentiment vous anime au lendemain de ce succès contre le Brésil ?
Nous avons la satisfaction du travail bien fait, ça fait toujours plaisir de se dire qu'on a récolté le fruit de notre travail. Mais il ne faut pas relâcher nos efforts, se dire qu'on peut arriver à quelque chose de super. On ne se dit surtout pas que c'est fini.
Comment appréhendez-vous cette rencontre face au Portugal ?
Ce ne sera pas un match facile à gérer. Il faudra être solide et oublier l'euphorie momentanée. Car nous avons un match à préparer, une demi-finale de Coupe du monde. Derrière, il peut y avoir une finale avec tout ce que cela représente pour tout le monde.
Avez-vous songé aux joueurs menacés de suspension en cas de nouveau carton jaune ?
Je ne sais pas. On n'y pas vraiment pensé. Je n'aime pas ce système de carton jaune lors des matches à élimination. C'est une forme d'injustice pour ceux qui vont au bout. Ceux qui sont éliminés sont tranquilles alors que les autres sont sous la menace d'une suspension, c'est vraiment dommage. Il faudrait en venir aux exclusions temporaires. Il me semble que ce serait possible. On pense évidemment à Laurent Blanc en 98. Là, on a six joueurs sous le coup d'une suspension. Ça peut plomber la suite.
"Le Portugal ? Je ne suis pas surpris"
Estimez-vous que le match contre le Brésil a été meilleur que celui contre l'Espagne ?
Ce sont deux matches aux caractéristiques différentes même si c'est vrai que le Brésil et l'Espagne se ressemblent un petit peu. C'était un match différent par rapport à l'adversaire. Nous avions été bon contre l'Espagne et nous l'avons été contre le Brésil.
Avez-vous modifié votre stratégie en fonction de celle du Brésil qui a joué avec un attaquent de moins ?
On avait prévu qu'Adriano jouerait. Ça fait deux ans que nous sommes habitués aux changements perpétuels, on sait s'adapter. Mais on s'est d'abord concentré sur notre jeu car c'est l'essentiel. En fin de match, on a dû composer avec trois ou quatre attaquants mais je n'ai pas à juger un autre sélectionneur.
Etes-vous surpris de retrouver le Portugal en demi-finale ?
Pas du tout. Depuis le début de la compétition, je me disais que cette équipe avait quelque chose. Elle sait s'accrocher, faire déjouer l'adversaire et en plus elle possède de vrais talents individuels. Je ne suis pas surpris.
Quel peut-être le plus gros danger pour l'équipe de France. L'adversaire ou une forme de déconcentration ?
Non, le premier danger, c'est l'adversaire. De part sa capacité à faire déjouer l'adversaire, le Portugal peut battre n'importe quelle équipe. Après avoir battu le champion du monde, on va nous mettre l'étiquette de favori. Le travail c'est ça, se préparer à fond et ramener tout le monde à la réalité. Mais c'est valable pour les quatre équipes.
Pensez-vous que l'équipe puisse tenir ce même rythme physique ?
Je ne sais pas si c'est possible mais on va tout faire pour. Nous effectuons un travail très intuitif, il n'y a pas vraiment un travail prédéfini. On n'a pas fait une vraie séance depuis le Togo, c'est plus de l'entretien. Une sorte de préparation athlétique adaptée au foot.
"Pas un système figé"
Vous avez pu travailler avec la même équipe deux matches de suite. Qu'est-ce que cela change ?
Je suis content que vous l'ayez noté. Mais si on va au bout ce sera à 23 pas à 11. Il faut que les 23 joueurs soient mobilisés en permanence, on ne peut pas se permettre d'en mettre 12 de côté, ils sont là pour pallier les faiblesses ou les défaillances. Ensuite, c'est vrai que les entraîneurs effectuent moins de changement derrière que devant car les attaquants dépensent plus d'énergie.
Pensez-vous poursuivre dans cette voie ?
Les choses peuvent changer, nous ne sommes pas figés dans une organisation. Pour le moment, c'est ce qui fonctionne mais d'autres formules ont également déjà marché.
Que pensez-vous du travail effectué par Scolari ?
(ironique) Il est champion du monde, non ? Il doit avoir des certitudes sur son travail et sur un groupe qu'il connaît bien puisque cela fait quatre qu'il travaille avec. J'ai beaucoup de respect pour ce qu'il fait mais je ne me sens pas à même de le juger.
Craignez-vous de la provocation de la part des Portugais ?
Vous connaissez l'arbitre ? Je pense que le Portugal est capable de jouer une vraie demi-finale. Je ne m'attends pas à revoir Portugal-Pays-Bas. C'est une équipe de talent qui sait attaquer, défendre, provoquer (dans le bon sens). Vous n'avez pas le droit de réduire l'équipe du Portugal à la tricherie.
Estimez-vous que la Coupe du monde est réussie ?
Il reste encore un match à disputer le 5 juillet contre le Portugal. Le bilan on le fera à la fin. La Coupe du monde ne sera réussie que pour l'équipe qui gagnera. Pour tous les autres, ce sera en fonction des espoirs placés avant la compétition. Le vrai bonheur c'est de la gagner. Le rêve de l'équipe de France est en train de se concrétiser. On donne du bonheur et de l'espoir aux Français. Le projet est en marche, il ne faut pas s'arrêter.
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